Au Burkina Faso, les personnes vivant avec le VIH (PvVIH) ont régulièrement recours à des substances naturelles pour traiter certaines infections opportunistes. C’est ainsi que le suc des feuilles fraîches de Mitracarpus scaber Zucc. ex Schult. & Schult. f. (Rubiaceae) et de Senna alata (L.) R...oxb. (Fabaceae) sont utilisés comme antimycosiques. En ce qui concerne le zona et les poussées herpétiques, les feuilles fraîches de Phyllanthus amarus Schumach. & Thonn. (Euphorbiaceae), la sève de Mangifera indica L. (Anacardiaceae), le gel de Aloe buettneri Berger (Liliaceae) et la galle de Guiera senegalensis J.F. Gmel. (Combretaceae), sont les drogues végétales les plus utilisées. Des substances naturelles sont également recommandées par les tradipraticiens de santé pour la récupération immunologique et nutritionnelle, le traitement précoce de l’infection à VIH et la réduction des effets secondaires des traitements ARV (antirétroviral). Il s’agit respectivement pour les plus importantes d’entre elles, des feuilles de Moringa oleifera Lam. (Moringaceae), de la pulpe du fruit de Detarium microcarpum Guill. & Perr. (Fabaceae), de la spiruline et du pollen issu de la ruche.
Les substances naturelles pouvant avoir une interaction avec les traitements conventionnels et plus particulièrement avec les médicaments ARV, les plantes contenant des tanins catéchiques, des dérivés 1,8 hydroxyanthracéniques laxatifs et des molécules hépatotropes ou inductrices enzymatiques, sont classées à risque, et leur utilisation par les PvVIH est étroitement surveillée.
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Élément culturel important, les plantes ont été utilisées pendant des siècles par les populations pour se soigner. Cependant, peu d’ethnies connaissent leur pharmacopée de par le manque d’études ethnobotaniques. La présente étude, réalisée en pays San, entité territoriale traditionn...elle (Nord-Ouest du Burkina Faso), répond à ce souci de documenter les plantes médicinales. À travers une série d’enquêtes ethnobotaniques, 75 tradithérapeutes Sananont été interviewés. Les informations recherchées ont porté sur la plante, son nom local, ses parties utilisées, les pratiques médicales et les vertus thérapeutiques afférentes. Les résultats ont montré que 94 espèces végétales sont utilisées pour combattre différentes pathologies. Les feuilles (31 %), les racines (25 %) et les écorces du tronc (23 %) sont les principales parties utilisées pour préparer les recettes. Seules ou en association, ces parties interviennent dans l’élaboration des recettes par des procédés utilisant principalement la décoction (58 %), la trituration (17 %) et la macération aqueuse (11 %). Soixante-cinq pour cent (65 %) des produits obtenus sont administrés par voie orale via la boisson et les applications externes représentent 35 %. Treize catégories d’utilisation ont été recensées. Cependant, les tradipraticiens de santé sont en désaccord sur les thérapies proposées pour traiter ces catégories. La diversité des thérapies recensées en pays San, est une richesse culturelle. Ces données de la pharmacopée san sont une base pour une étude approfondie des aptitudes sylvicoles des plantes victimes de déracinement et la création de pépinières communautaires, afin de disposer de réservoirs de plantes médicinales proches des villages.
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