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Sécurité des patients

11 septembre 2023

Principaux faits

  • Environ 1 patient sur 10 subit des préjudices dans le cadre des soins de santé et plus de trois millions de décès surviennent chaque année à la suite de soins non sécurisés. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, jusqu’à 4 personnes sur 100 meurent à la suite de soins non sécurisés (1).
  • Plus de 50 % de ces préjudices (soit pour 1 patient sur 20) sont évitables ; la moitié de ces préjudices est attribuable aux médicaments (2, 3).
  • Selon certaines estimations, jusqu’à 4 patients sur 10 subissent des préjudices dans le cadre des soins primaires et ambulatoires, alors que jusqu’à 80 % (23,6 %-85 %) de ces préjudices peuvent être évités (4).
  • Les événements indésirables courants qui peuvent entraîner des préjudices évitables pour les patients sont les erreurs de prescription, les actes chirurgicaux non sécurisés, les infections associées aux soins de santé, les erreurs de diagnostic, les chutes, les escarres, les erreurs d’identification des patients, les transfusions sanguines non sécurisées et la thromboembolie veineuse.
  • Les préjudices causés aux patients réduisent potentiellement la croissance économique mondiale de 0,7 % par an. À l’échelle mondiale, le coût indirect des préjudices s’élève à plusieurs milliers de milliards de dollars des États-Unis chaque année (1).
  • L’investissement en faveur de l’atténuation des préjudices peut permettre des économies financières importantes et, surtout, l’obtention de meilleurs résultats pour les patients (5). Par exemple, la participation des patients, bien réalisée, est un bon retour sur investissement car elle permet de réduire de 15 % la charge des préjudices (4).


Vue d’ensemble

« D’abord, ne pas nuire » est le principe le plus important pour tout service de soins de santé. Personne ne devrait subir de préjudice dans le cadre des soins de santé ; cependant, des données convaincantes montrent que la charge des préjudices évitables pour les patients est énorme à l’échelle mondiale dans les systèmes de soins de santé des pays développés et des pays en développement. Ces préjudices ont des conséquences humaines, morales, éthiques et financières non négligeables.

La sécurité des patients est définie (en anglais) comme « l’absence de préjudice évitable pour un patient et la réduction à un minimum acceptable du risque de préjudice inutile associé aux soins de santé ». Dans le contexte plus large des systèmes de santé, la sécurité des patients est « un cadre d’activités organisées qui crée des cultures, des processus, des procédures, des comportements, des technologies et des environnements dans le contexte des soins de santé, aptes à réduire systématiquement et durablement les risques, l’occurrence des préjudices évitables, la probabilité d’erreurs et l’impact des préjudices quand ils se produisent ».

Sources courantes des préjudices subis par les patients

Erreurs de prescription. Les préjudices liés aux médicaments touchent 1 patient sur 30 dans le cadre des soins de santé, plus d’un quart de ces préjudices étant considérés comme graves ou engageant le pronostic vital. La moitié des préjudices évitables dans le cadre des soins de santé sont liés aux médicaments (3).

Erreurs chirurgicales. Plus de 300 millions d’actes chirurgicaux sont effectués chaque année dans le monde (6). Alors que les effets indésirables sont connus, de nombreuses erreurs chirurgicales continuent de se produire ; 10 % des préjudices évitables causés aux patients ont été signalés dans le cadre de soins chirurgicaux (2), la plupart des effets indésirables survenant avant et après l’acte chirurgical (7).

Infections associées aux soins de santé. Les infections associées aux soins de santé, dont le taux s’établit à 0,14 % au niveau mondial (et augmente de 0,06 % par an), entraînent une prolongation de la durée des hospitalisations, des handicaps de longue durée, une résistance accrue aux antimicrobiens, une charge financière supplémentaire pour les patients, les familles et les systèmes de santé, et des décès qui pourraient être évités (8).

État septique. L’état septique est une affection grave qui survient lorsque le système immunitaire réagit de façon extrême à une infection. Cette réaction immunitaire entraîne des lésions des tissus et des organes. 23,6 % des cas d’état septique pris en charge dans les hôpitaux, étaient associés aux soins de santé, et environ 24,4 % des patients touchés en sont morts (9).

Erreurs de diagnostic. Ces erreurs se produisent dans 5 % à 20 % des rencontres entre médecin et patient (10,11). Selon des études effectuées par des médecins, des erreurs de diagnostic préjudiciables ont été constatées dans 0,7 % des admissions d’adultes (12). La plupart des personnes seront victimes d’une erreur de diagnostic au cours de leur vie (13).

Chutes. Les chutes sont les événements indésirables les plus fréquents dans les hôpitaux (14). Leur taux de survenue est compris entre 3 et 5 pour 1000 jours d’hospitalisation, et plus d’un tiers de ces incidents entraînent des traumatismes (15), qui ont une incidence négative sur l’issue clinique et augmentent la charge financière pour les systèmes (16).

Thromboembolie veineuse. La thromboembolie veineuse, qui est due à la présence de caillots sanguins, est une cause très importante et évitable de préjudice pour les patients, qui est à l’origine d’un tiers des complications attribuées à l’hospitalisation (17).

Escarres. Les escarres sont des lésions de la peau ou des tissus mous. Elles apparaissent en raison de la pression exercée sur certaines parties du corps pendant une longue période. Si elles ne sont pas prises en charge rapidement, elles peuvent entraîner des complications mortelles. Les escarres touchent plus d’un adulte sur 10 hospitalisés (18) et, bien qu’elles soient tout à fait évitables, elles ont un impact significatif sur la santé mentale et physique et la qualité de vie.

Pratiques transfusionnelles à risque. Les transfusions inutiles et les pratiques transfusionnelles dangereuses exposent les patients au risque de réactions transfusionnelles indésirables graves et d’infections à transmission transfusionnelle. Il ressort des données d’un groupe de 62 pays relatives aux réactions transfusionnelles indésirables que l’incidence moyenne des réactions graves est de 12,2 pour 100 000 composants sanguins distribués.

Erreurs d’identification des patients. Le fait de ne pas identifier correctement les patients peut être à l’origine de nombreux problèmes et avoir de graves effets sur la prestation des soins de santé. Cela peut entraîner des effets indésirables catastrophiques, par exemple en cas d’erreur sur le site chirurgical. Un rapport de la Joint Commission publié en 2018 recense 409 événements sentinelles d’erreur d’identification des patients sur 3326 incidents (12,3 %) entre 2014 et 2017 (19).

Pratiques d’injection à risque. Chaque année, 16 milliards d’injections (en anglais) sont pratiquées dans le monde et les pratiques d’injection à risque exposent les patients et les personnels de santé et d’aide à la personne à des risques d’effets indésirables infectieux et non infectieux. Il ressort d’une étude reposant sur une modélisation mathématique qu’en 10 ans (de 2000 à 2010), 1,67 million d’infections à virus de l’hépatite B, entre 157 592 et 315 120 infections à virus de l’hépatite C et entre 16 939 et 33 877 infections à VIH étaient associées à des injections à risque (20).

Facteurs entraînant un préjudice pour les patients

Les préjudices causés aux patients dans le cadre des soins de santé en raison de failles de sécurité sont omniprésents, problématiques et peuvent survenir dans tous les contextes et à tous les niveaux de la prestation des soins. Les préjudices causés aux patients tiennent à des facteurs multiples et interdépendants, et un incident lié à la sécurité des patients tient habituellement à plusieurs facteurs :

  • facteurs systémiques et organisationnels : complexité des interventions médicales, processus et procédures inadéquats, perturbations du flux de travail et de la coordination des soins, ressources limitées, personnel et perfectionnement insuffisants ;
  • facteurs technologiques : problèmes liés aux systèmes d’information sanitaire, par exemple aux dossiers médicaux électroniques ou aux systèmes d’administration des médicaments, et utilisation abusive de la technologie ;
  • facteurs humains et comportement : rupture de la communication entre les soignants, au sein des équipes et avec les patients et leurs familles, travail d’équipe inefficace, fatigue, épuisement professionnel et biais cognitifs ;
  • facteurs liés au patient : connaissances limitées en matière de santé, manque de participation et non-observance du traitement ; et
  • facteurs externes : absence de politiques, réglementation incohérente, pressions économiques et financières et problèmes liés au milieu naturel.

Approche systémique de la sécurité des patients

La plupart des erreurs qui entraînent un préjudice ne résultent pas des pratiques d’un soignant ou d’un groupe de soignants, mais plutôt de défaillances du système ou des processus qui conduisent ces soignants à commettre des erreurs.

Pour comprendre les causes sous-jacentes des erreurs commises dans le cadre de soins médicaux, il faut donc abandonner l’approche habituelle consistant à rechercher des coupables au profit d’une réflexion plus systémique. À cet égard, les erreurs sont attribuables à des structures et des processus systémiques mal conçus, et au fait que les personnes qui travaillent dans les établissements de soins de santé sont soumises à un stress considérable dans des environnements complexes et qui changent rapidement. Il ne faut pas ignorer non plus les négligences ou les mauvais comportements des soignants, qui ont une incidence négative sur la qualité de la prise en charge médicale.

Un système de santé sûr est un système où toutes les mesures nécessaires sont prises pour éviter et atténuer les préjudices, grâce à l’organisation d’activités visant notamment :

Investir en faveur de la sécurité des patients a une incidence positive sur les résultats pour la santé, fait baisser les coûts liés aux préjudices causés aux patients, rend le système plus efficace et aide à rassurer les communautés et à leur redonner confiance dans les systèmes de soins de santé (4,5).

Action de l’OMS

Action mondiale pour la sécurité des patients

Considérant que la sécurité des patients est une priorité pour la santé au niveau mondial et un élément essentiel pour renforcer les systèmes de soins et progresser vers la couverture sanitaire universelle, la Soixante-Douzième Assemblée mondiale de la Santé a adopté en mai 2019 la résolution WHA72.6 intitulée « Action mondiale pour la sécurité des patients ».

Dans cette résolution, l’Assemblée priait le Directeur général de mettre en avant la sécurité des patients en tant que priorité stratégique fondamentale dans les travaux de l’OMS en matière de couverture sanitaire universelle, approuvait l’instauration d’une Journée mondiale de la sécurité des patients, qui serait célébrée le 17 septembre de chaque année, et priait le Directeur général de formuler un plan d’action mondial pour la sécurité des patients en consultation avec les États Membres et l’ensemble des parties intéressées.

Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030

Le Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030 fournit un cadre d’action permettant aux principales parties prenantes d’unir leurs efforts et de mettre en œuvre des initiatives en faveur de la sécurité des patients de manière globale. L’objectif est de « parvenir à réduire au maximum les préjudices évitables dus à des soins à risque partout dans le monde », sur la base d’une vision « d’un monde dans lequel personne ne subit de préjudice dans le cadre des soins de santé et où chaque patient reçoit des soins sans danger et respectueux de sa personne, à tout moment et en tout lieu ».

Journée mondiale de la sécurité des patients

Depuis 2019, la Journée mondiale de la sécurité des patients est célébrée chaque année dans le monde le 17 septembre, afin que tous les pays et partenaires internationaux fassent preuve de solidarité et mènent une action concertée pour améliorer la sécurité des patients. La campagne mondiale, qui porte chaque année sur un thème particulier, vise à mieux faire connaître au grand public et à mieux faire comprendre au niveau mondial le problème de la sécurité des patients et à mobiliser les parties prenantes pour éliminer les préjudices évitables dans le cadre des soins de santé et ainsi améliorer la sécurité des patients.

Initiative emblématique de l’OMS « Décennie pour la sécurité des patients 2021-2030 »

L’OMS a lancé cette initiative emblématique (en anglais) afin d’orienter et de soutenir des mesures stratégiques d’amélioration de la sécurité des patients au niveau mondial, régional et national. Elle vise avant tout à soutenir la mise en œuvre du Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030.

 


(1) Slawomirski L, Klazinga N. The economics of patient safety: from analysis to action. Paris : Organisation de coopération et de développement économiques ; 2020 (http://www.oecd.org/health/health-systems/Economics-of-Patient-Safety-October-2020.pdf, consulté le 6 septembre 2023).

(2) Panagioti M, Khan K, Keers RN, Abuzour A, Phipps D, Kontopantelis E et al. Prevalence, severity, and nature of preventable patient harm across medical care settings: systematic review and meta-analysis. BMJ. 2019;366:L4185

(3) Hodkinson A, Tyler N, Ashcroft DM, Keers RN, Khan K, Phipps D et al. Preventable medication harm across health care settings: a systematic review and meta-analysis. BMC Med. 2020;18(1):1–3.

(4) Slawomirski L, Auraaen A, Klazinga N. The economics of patient safety in primary and ambulatory care: flying blind. OECD Health Working Papers No. 106. Paris : Organisation de coopération et de développement économiques ; 2018 (https://doi.org/10.1787/baf425ad-en, consulté le 6 septembre 2023).

(5) Slawomirski L, Auraaen A, Klazinga N. The economics of patient safety: strengthening a value-based approach to reducing patient harm at national level. OECD Health Working Papers No. 96. Paris : Organisation de coopération et de développement économiques ; 2017 (https://doi.org/10.1787/5a9858cd-en, consulté le 6 septembre 2023).

(6) Meara, John G., Andrew JM Leather, Lars Hagander, Blake C. Alkire, Nivaldo Alonso, Emmanuel A. Ameh, et al. Global Surgery 2030: evidence and solutions for achieving health, welfare, and economic development. The Lancet. 2015; 386: 569-624

(7) Rodziewicz TL, Houseman B, Hipskind JE. Medical error reduction and prevention. Treasure Island, FL: StatPearls Publishing; 2023.

(8) Raoofi S, Kan FP, Rafiei S, Hosseinipalangi Z, Mejareh ZN, Khani S et al. Global prevalence of nosocomial infection: a systematic review and meta-analysis. PLoS One. 2023;18(1):e0274248.

(9) Markwart R, Saito H, Harder T, Tomczyk S, Cassini A, Fleischmann-Struzek C et al. Epidemiology and burden of sepsis acquired in hospitals and intensive care units: a systematic review and meta-analysis. Intensive Care Med. 2020;46(8):1536–51

(10) National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. Improving diagnosis in health care. Washington (DC): National Academies Press; 2015 (https://doi.org/10.7326/M15-2256, consulté le 6 septembre 2023).

(11) Bergl PA, Nanchal RS, Singh H. Diagnostic error in the critically ill: defining the problem and exploring next steps to advance intensive care unit safety. Ann Am Thorac Soc. 2018;15(8):903–7.

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(15) Agency for Healthcare Research and Quality. Falls. PSNet; 2019. (https://psnet.ahrq.gov/primer/falls, consulté le 11 septembre 2023).

(16) Dykes PC, Curtin-Bowen M, Lipsitz S, Franz C, Adelman J, Adkison L et al. Cost of inpatient falls and cost-benefit analysis of implementation of an evidence-based fall prevention program. JAMA Health Forum. 2023;4(1):e225125 

(17) Raskob GE, Angchaisuksiri P, Blanco AN, Buller H, Gallus A, Hunt BJ et al. Thrombosis: a major contributor to global disease burden. Arterioscler Thromb Vasc Biol. 2014;34(11):2363–71

(18) Li Z, Lin F, Thalib L, Chaboyer W. Global prevalence and incidence of pressure injuries in hospitalised adult patients: A systematic review and meta-analysis. International journal of nursing studies. 2020 May 1;105:103546.

(19) De Rezende HA, Melleiro MM, Shimoda GT. Interventions to reduce patient identification errors in the hospital setting: a systematic review protocol. JBI Evidence Synthesis. 2019;17(1):37–42.

(20) Pèpin J, Chakra CN, Pèpin E, Nault V, Valiquette L. Evolution of the global burden of viral infections from unsafe medical injections, 2000–2010. PLoS One. 2014;9(6):e99677.